Les pays de l'Union européenne (UE) vont pouvoir moduler les péages qu'ils imposent aux poids lourds en fonction de leur pollution et de leur nuisance sonore, en vertu d'un texte approuvé mardi 7 juin, qui consacre pour la première fois dans le secteur le principe du "polleur-payeur".
Jusqu'à présent, ces taxes ne pouvaient être prélevées que pour couvrir les coûts de construction et d'entretiens des routes. A l'avenir, les camions paieront aussi pour compenser le coût de la pollution et du bruit qu'ils engendrent.
Le texte laisse la possibilité aux Etats de refuser la réforme.
La plupart des Etats situés à la périphérie de l'Union – notamment les nouveaux membres issus de l'ancien bloc communiste – ne voulaient pas de ce principe. A l'inverse, les Etats qui accueillent un important trafic de transit, comme la France, la Belgique ou l'Autriche, y étaient favorables.
Selon les estimations du Parlement européen, la taxe acquittée par les camions, dans les Etats qui voudront bien appliquer la réforme, augmentera en moyenne de 4 centimes d'euro par véhicule et par kilomètre parcouru, soit +20 à +25 % par rapport aux systèmes actuellement pratiqués. Les camions aux moteurs les plus propres et roulant aux heures creuses en seront exemptés. Les Etats qui utiliseront ce dispositif auront l'obligation d'investir 15 % des sommes récoltées dans le transport ferroviaire et fluvial. Il s'agit là d'une concession accordée aux Etats membres, car le Parlement aurait voulu que l'ensemble des fonds récoltés serve à promouvoir des alternatives à la route.
Comme souvent au Parlement européen, les lignes de partage ont parfois dépassé les clivages politiques. Ainsi les socialistes espagnols, contrairement à la grande majorité des autres élus de gauche, ont voté contre le texte. Quelques centimes de plus par kilomètre parcouru, "c'est un immense problème" pour les agriculteurs ou les transporteurs espagnols qui exportent leurs légumes vers le reste de l'Europe, a ainsi fait valoir la socialiste espagnole Inés Ayala Sender. Surtout que ces agriculteurs sont actuellement durement touchés par la crise née de la bactérie tueuse en Allemagne, a-t-elle expliqué.