Le ministre de l'énergie, Eric Besson, a assuré, mercredi 26 octobre, que le gouvernement resterait vigilant, tout en reconnaissant que "le premier risque de court terme est celui de l'approvisionnement cet hiver si des facteurs très défavorables étaient réunis", évoquant notamment des températures très froides, des retards de mise en œuvre de centrales à gaz et à charbon en Allemagne en plus de l'arrêt des réacteurs allemands.
Dans la matinée, le cabinet de conseil Capgemini a publié son étude annuelle sur l'énergie en Europe dans laquelle il met en garde contre les conséquences de l'arrêt de huit des 17 réacteurs nucléaires allemands, décidé cet été après la catastrophe de Fukushima. "Il existe une menace réelle sur la continuité de la fourniture électrique pendant l'hiver 2011-2012 et les hivers suivants, car les pointes de consommation augmentent d'année en année", peut-on lire dans ce document. M. Besson a reconnu que "dans ce scénario, il pourrait y avoir des difficultés".
Exportatrice d'électricité durant presque toute l'année, la France est importatrice lors des grands pics quotidiens l'hiver – notamment autour de 19 heures. A cause du chauffage électrique, l'Hexagone est aussi le pays d'Europe dont la consommation augmente le plus par grand froid : pour chaque degré de température extérieure en moins, 2 300 mégawatts de puissance supplémentaire sont nécessaires, soit plus de deux réacteurs nucléaires, selon le transporteur d'électricité RTE.
"Les hivers froids, comme ça a été le cas l'hiver dernier, on a importé jusqu'à 8 000 mégawatts, essentiellement d'Allemagne. Or cette énergie ne sera plus disponible, dit Colette Lewiner, directrice internationale du secteur de l'énergie chez Capgemini. Est-ce que pour autant on aura des pannes, ce n'est pas sûr, heureusement. Cela va dépendre du froid, du fonctionnement des réacteurs nucléaires en France, qui s'est beaucoup amélioré, de la disponibilité des moyens de production ailleurs, je pense par exemple que l'Allemagne fera plus tourner ses centrales à charbon".
Avant d'être contraint à d'éventuelles coupures maîtrisées, RTE, responsable du réseau à haute tension en France, peut encore recourir à des contrats d'effacement auprès de clients industriels ou lancer des appels au civisme, comme c'est déjà le cas en Bretagne, une des régions les plus difficiles à alimenter électriquement. "Mais on est dans un contexte qui est plus inquiétant", dit-Mme Lewiner, en soulignant que l'Allemagne et la Belgique sont, avec la France, les plus exposées. RTE doit présenter son propre état des lieux sur cette question avant le 10 novembre. Une étude au niveau européen de l'Association européenne des gestionnaires de réseaux sera également présentée fin novembre.